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Ralentissement économique en France : la récession est-elle là ?

par | Sep 22, 2025

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Ralentissement économique en France : la récession est-elle là ?

Une croissance en berne : premiers signes d’alerte

Depuis le début de 2024, les indicateurs économiques français montrent un net ralentissement. Le produit intérieur brut (PIB) progresse faiblement, tandis que la consommation des ménages stagne. L’économie française semble marquer le pas. Mais peut-on parler de récession ? Le mot est fort, et sa définition stricte — deux trimestres consécutifs de recul du PIB — n’est pas encore remplie. Pourtant, certains signaux ne trompent pas.

La Banque de France et l’INSEE ont abaissé leurs prévisions de croissance à +0,8 % pour 2025. Ce chiffre, bien en deçà des attentes post-Covid, inquiète les économistes. Dans ce contexte, les entreprises deviennent prudentes, les investissements ralentissent, et les Français consomment moins.

Le ralentissement économique en France est bien réel. Reste à savoir s’il s’agit d’un simple coup de mou, ou des prémices d’une véritable récession.

Consommation en recul : les ménages resserrent les cordons

La consommation des ménages représente environ 55 % du PIB français. Or, depuis fin 2023, elle ralentit nettement. Les Français achètent moins, en particulier sur les biens durables (électroménager, automobile, ameublement).

Pourquoi cette baisse de la consommation ?

  • Inflation persistante : malgré un ralentissement, les prix restent élevés dans l’alimentaire (+6,2 % en glissement annuel), l’énergie et les loyers.

  • Pouvoir d’achat sous pression : les salaires progressent moins vite que les prix.

  • Confiance en berne : l’indice de confiance des ménages mesuré par l’INSEE reste sous sa moyenne historique.

Beaucoup de foyers reportent ou annulent leurs projets d’achat, privilégiant l’épargne ou le remboursement des dettes. Ce phénomène accentue le ralentissement.

Inflation : une menace toujours présente

Après un pic à 7,1 % en 2022, l’inflation en France recule mais reste élevée. En septembre 2025, elle s’établit à 4,2 %, bien au-dessus de la cible des 2 % fixée par la BCE. Cette inflation “collante” s’explique notamment par :

  • La hausse durable des prix de l’énergie (électricité, gaz).

  • Les tensions dans les chaînes d’approvisionnement.

  • Les effets en cascade sur les biens de consommation courante.

Résultat :

  • Les prix alimentaires augmentent plus vite que l’ensemble des prix.

  • Les dépenses contraintes (logement, transport, énergie) pèsent davantage dans les budgets.

Même si les salaires ont été revalorisés dans certains secteurs, cela ne compense pas totalement la hausse du coût de la vie. Ce décalage alimente le sentiment d’appauvrissement.

Emploi : une stabilité trompeuse ?

Le marché de l’emploi en France semble encore résilient, mais les premiers signes de fragilité apparaissent :

  • Le taux de chômage remonte légèrement à 7,5 % au deuxième trimestre 2025.

  • Les intérimaires — souvent les premiers touchés en période de ralentissement — voient leur activité baisser.

  • Des secteurs commencent à geler les embauches (immobilier, distribution, services à la personne).

Des licenciements silencieux

Bien que les grands plans sociaux restent rares, de nombreuses entreprises procèdent à des “ajustements discrets” :

  • Non-renouvellement de CDD.

  • Moins d’intérim.

  • Suppressions de postes via ruptures conventionnelles.

Cette situation peut masquer une dégradation plus profonde du marché de l’emploi.

Investissements en baisse : les entreprises deviennent prudentes

En période d’incertitude, les entreprises françaises réduisent leurs investissements. Le climat des affaires, mesuré par l’INSEE, se dégrade lentement mais sûrement depuis plusieurs mois.

Secteurs les plus touchés :

  • Construction : les mises en chantier de logements neufs sont en chute libre.

  • Industrie : recul de la production dans l’automobile et les biens d’équipement.

  • Tech et start-up : baisse des levées de fonds, licenciements, gels d’embauche.

L’incertitude sur l’évolution des taux d’intérêt, la demande intérieure et la fiscalité future pousse les chefs d’entreprise à la prudence.

Politique monétaire : des taux qui freinent l’économie

La Banque centrale européenne (BCE) a fortement relevé ses taux directeurs depuis 2022 pour lutter contre l’inflation. En conséquence, le coût du crédit augmente fortement :

  • Taux moyen des crédits immobiliers : passé de 1,2 % en 2021 à plus de 4,3 % en 2025.

  • Crédits à la consommation plus difficiles d’accès.

  • Financement des entreprises plus coûteux.

Conséquence directe :

  • Chute du marché immobilier : baisse du nombre de transactions (-21 % sur un an).

  • Ralentissement du crédit aux PME, qui affecte l’investissement productif.

Cette politique monétaire, bien qu’efficace contre l’inflation, a un effet récessif sur l’économie réelle.

L’indicateur inversé : le moral des chefs d’entreprise

Un signal souvent sous-estimé est le moral des dirigeants. D’après la dernière enquête de Bpifrance Le Lab :

  • 61 % des chefs d’entreprise s’attendent à un chiffre d’affaires en baisse au second semestre.

  • 38 % envisagent de réduire leurs effectifs.

  • 47 % jugent les perspectives économiques “mauvaises”.

Ce pessimisme généralisé peut devenir un facteur auto-réalisateur : si les entreprises anticipent une crise, elles agissent en conséquence, ce qui contribue à la déclencher.

Liste ordonnée des signaux de récession en France

Faible croissance du PIB (prévision : +0,8 % en 2025)

Consommation des ménages en recul

Inflation toujours élevée (> 4 %)

Hausse du taux de chômage (7,5 %)

Investissements en baisse

Marché immobilier en crise

Climat des affaires dégradé

Durcissement des conditions de crédit

Sommes-nous déjà en récession ?

Techniquement, la France n’est pas encore en récession, car elle n’a pas enregistré deux trimestres consécutifs de recul du PIB. Mais tous les voyants sont au orange — voire rouge — et une récession “douce” semble de plus en plus probable dans les prochains mois.

Les autorités tentent de rassurer, en rappelant que :

  • Le taux d’épargne des ménages reste élevé (16,3 %).

  • L’État déploie des dispositifs de soutien (bouclier tarifaire, aides énergie).

  • La situation est contrastée selon les secteurs (l’aéronautique ou l’agroalimentaire résistent mieux).

Cependant, l’effet d’entraînement négatif est réel. La récession pourrait s’installer si la demande reste faible, les marges des entreprises se contractent, et le chômage s’aggrave.

Conclusion

La France est sur une pente descendante. Si la récession n’est pas officiellement déclarée, les signaux d’alerte s’accumulent : croissance molle, inflation élevée, consommation en berne, et tension sur le marché du travail.

Pour les particuliers comme pour les entreprises, la prudence est de mise. Suivre l’évolution des indicateurs clés dans les mois à venir permettra de confirmer ou non l’entrée dans une véritable récession.

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