1. Accueil
  2. ÉCONOMIE
  3. Termes économiques
  4. Inflation sous-jacente : définition, calcul, usages
Dans l'article

Inflation sous-jacente : définition, calcul, usages

par | Nov 12, 2025

Dans l'article

Inflation sous-jacente : définition, calcul, usages

L’inflation sous-jacente est l’un des indicateurs les plus utiles pour comprendre la dynamique réelle des prix dans l’économie. Contrairement à l’inflation “globale”, elle neutralise les éléments les plus volatils pour révéler la tendance de fond. Cette lecture plus stable est devenue centrale pour les banques centrales, les investisseurs et… vos propres décisions de budget et d’épargne. Dans ce guide, vous découvrez ce qu’est l’inflation sous-jacente, comment elle se calcule, ce qu’elle mesure vraiment, ses limites et comment l’utiliser concrètement dans votre gestion financière.

Définition : qu’appelle-t-on “inflation sous-jacente” ?

L’inflation sous-jacente (ou inflation “core”) désigne la hausse moyenne des prix à la consommation une fois exclus certains postes très volatils, généralement l’énergie et les produits alimentaires non transformés. L’objectif est de capter la tendance durable des prix, peu affectée par les chocs temporaires (pétrole, aléas climatiques, tensions géopolitiques).

Pourquoi la distinguer de l’inflation “globale” ?

  • L’inflation globale reflète tout, y compris des à-coups parfois extrêmes.

  • L’inflation sous-jacente cherche la tendance, utile pour anticiper les salaires, la politique monétaire et les prix des services.

Selon les pays, la définition précise varie légèrement : certains retirent aussi l’alcool et le tabac, d’autres emploient une mesure “trimée” (moyennes tronquées) qui écarte les variations de prix les plus extrêmes, quel que soit le poste. L’idée reste la même : isoler un signal plus lisible.

Comment se calcule l’inflation sous-jacente ?

Le calcul part toujours d’un indice des prix à la consommation (IPC), panier représentatif des dépenses des ménages, pondéré par la part de chaque poste (logement, transport, alimentation, services, etc.).

Étapes générales

Partir de l’IPC officiel et de ses pondérations actuelles.

Exclure les postes volatils (souvent énergie et alimentation non transformée) ou appliquer une méthode statistique “trimée”.

Calculer la variation des prix sur 12 mois (glissement annuel) ou sur 1 mois (variation mensuelle), puis annualiser si besoin.

Publier l’inflation sous-jacente en pourcentage, parallèlement à l’inflation globale.

Exemple simplifié

  • IPC global : +4,0 % sur un an.

  • Composantes énergie et alimentation (volatiles) : +10 % sur un an, poids combiné 20 %.

  • IPC hors énergie et alimentation : +3,0 % → c’est une mesure typique d’inflation sous-jacente.

À retenir : la méthode exacte (liste des exclusions, “trimmed mean”, “weighted median”) peut différer, mais l’objectif reste d’obtenir une série plus régulière et analytiquement exploitable.

Ce que l’inflation sous-jacente mesure vraiment

  • Les pressions “domestiques” : les services, les loyers, l’éducation, la santé ou la restauration reflètent davantage les salaires, la productivité et la demande intérieure.

  • La persistance : si la sous-jacente reste élevée, l’inflation globale a plus de chances de durer, même si le pétrole se calme momentanément.

  • La diffusion : elle révèle si la hausse des prix s’étend à de nombreux postes (effet “second tour”) ou reste concentrée.

Usages : pourquoi elle compte pour vous… et pour les marchés

Pour les banques centrales

  • Cible de stabilité : la politique monétaire (taux directeurs) s’appuie largement sur la trajectoire de l’inflation sous-jacente, car elle informe mieux sur les tendances futures.

  • Communication : elle sert d’ancre de crédibilité ; si la sous-jacente converge vers la cible (ex. 2 %), la banque centrale peut envisager de baisser ou stabiliser ses taux.

Pour les investisseurs

  • Taux d’intérêt et valorisations : une sous-jacente élevée tend à maintenir des taux plus hauts, ce qui pèse sur les valorisations (actions de croissance, immobilier).

  • Allocation d’actifs : elle influence l’arbitrage entre actions, obligations, liquidités et or. Une désinflation sous-jacente soutenue favorise souvent les obligations longues.

  • Prime de risque : plus la sous-jacente est volatile ou persistante, plus l’incertitude augmente, et plus les marchés exigent une rémunération du risque.

Pour les ménages et les entreprises

  • Indexation salariale et contrats : la sous-jacente sert de référence plus stable pour ajuster salaires, loyers ou abonnements.

  • Budgets : elle éclaire les postes où la hausse des prix est durable (services), afin de prioriser les économies.

  • Épargne : si la sous-jacente dépasse durablement le rendement net de vos placements sécurisés, votre pouvoir d’achat s’érode → ajuster l’allocation.

Forces et limites de l’indicateur

Points forts

  • Stabilité : plus lisible pour le pilotage des taux et la planification à long terme.

  • Pertinence macro : capte les pressions liées aux coûts salariaux, aux goulots d’étranglement durables et à la demande.

Limites

  • Angle mort énergétique/alimentaire : exclure des postes essentiels peut sous-estimer l’expérience réelle du consommateur.

  • Méthodes hétérogènes : comparaisons internationales délicates (exclusions différentes, “trimmed mean” vs “ex-energy & food”).

  • Retards : comme tout indicateur macro, la sous-jacente réagit avec décalage ; elle ne prédit pas les chocs.

Comment suivre et interpréter l’inflation sous-jacente

Fréquence et sources

  • Mensuelle : publications par les instituts statistiques nationaux (ex. INSEE, Eurostat, BLS) et banques centrales.

  • Séries à surveiller : sous-jacente “biens” vs “services”, loyers/loyers équivalents, services hors logement.

Lecture pratique

  • Tendance sur 3 à 6 mois annualisée : plus réactive que le seul glissement annuel.

  • Écart vs cible (ex. 2 %) et vs inflation globale : signale désinflation, persistance ou réaccélération.

  • Diffusion par postes : une sous-jacente stable mais tirée par quelques composantes mérite prudence.

Conséquences possibles pour votre portefeuille

  • Obligations : une sous-jacente en décrue soutenue augmente la probabilité de détente des taux → potentiel sur les maturités longues, mais sensibilité accrue si le scénario se dément.

  • Actions : l’amélioration de la sous-jacente (et donc des taux attendus) favorise souvent les secteurs sensibles aux taux (technologie, consommation discrétionnaire). À l’inverse, une remontée durable peut soutenir l’énergie, les banques, certains producteurs de matières premières.

  • Immobilier : des taux durablement élevés, motivés par une sous-jacente tenace, pèsent sur l’accès au crédit et la valorisation.

  • Produits indexés : en période d’incertitude, les obligations indexées sur l’inflation (selon votre marché) peuvent jouer un rôle de couverture partielle.

Étapes concrètes pour intégrer l’inflation sous-jacente à vos décisions

Suivre une série officielle (INSEE/Eurostat/BLS) et consigner chaque mois : sous-jacente, globale, tendance 3 mois annualisée.

Relier l’indicateur à un plan d’action : définir des fourchettes (ex. sous-jacente < 2,5 % → duration obligataire plus longue ; > 3,5 % → duration courte + poche liquidités).

Adapter les budgets : identifier les postes de services les plus dynamiques (assurances, restauration, loisirs) et renégocier/optimiser.

Garder une marge de sécurité : construire votre stratégie pour résister à des surprises d’inflation (coussin de liquidités, échéancier de dettes, diversification par zones et secteurs).

Évaluer les effets de second tour : surveiller la dynamique salariale et les loyers, moteurs clés de la sous-jacente.

FAQ rapide

L’inflation sous-jacente remplace-t-elle l’inflation globale ?
Non. Les deux sont complémentaires : la globale décrit le vécu immédiat, la sous-jacente éclaire la tendance.

Pourquoi retirer l’énergie et l’alimentation ?
Parce que ces prix peuvent varier brutalement pour des raisons externes ; leur exclusion améliore la lisibilité du signal.

Quel horizon regarder ?
Suivez le glissement annuel et la moyenne annualisée des 3 à 6 derniers mois pour détecter les retournements.

Peut-elle être “trop basse” ?
Oui : une sous-jacente durablement inférieure à l’objectif peut signaler une demande atone, peser sur les salaires et justifier des politiques de soutien.

Est-elle identique partout ?
Non : méthodes et pondérations diffèrent. Comparez surtout l’évolution dans un même pays.

Liens internes utiles

Conclusion

L’inflation sous-jacente est une boussole pour distinguer le bruit de la tendance dans l’évolution des prix. En se concentrant sur les composantes les plus persistantes, elle éclaire les décisions de politique monétaire, l’allocation d’actifs et la gestion du budget. Suivre sa trajectoire, la comparer à la cible officielle et lier ces informations à des règles de gestion concrètes vous aide à protéger votre pouvoir d’achat et à investir avec méthode, sans vous laisser détourner par les à-coups de court terme.

Les articles